En l’honneur du lancement de l’Octobus, nous souhaitions revenir sur les origines du projet :
D’où nous est venue cette idée ? Comment a-t-elle évoluée ? Quel chemin avons-nous entreprit pour arriver là où nous sommes ?
L’Octobus trouve ses origines dans un autre projet lancé en 2017 par la Croix-Rouge française : Communiquons autrement.
Communiquons autrement avait pour objectif d’outiller en matériel et en formation les structures handicap de la Croix-Rouge française afin de renforcer l’utilisation d’outils de communication alternative améliorée (CAA).
La CAA est un terme générique qui englobe les méthodes de communication utilisées pour compléter ou remplacer la parole ou l’écriture pour les personnes ayant une déficience dans la production ou la compréhension du langage. La CAA est utilisée par des personnes présentant un large éventail de troubles de la parole et du langage, y compris des déficiences congénitales telles que la paralysie cérébrale, la déficience intellectuelle et l’autisme, ou des troubles acquis tels que la sclérose latérale amyotrophique et la maladie de Parkinson.
Permettre à chacun de s’exprimer, et ainsi de s’ouvrir aux autres, de communiquer ses choix, ses accords, ses désaccords, est considéré par la Croix-Rouge française comme une priorité absolue car garante du libre choix et de l’autodétermination des personnes que nous accompagnons.
Au lancement du projet, nous avons identifié un sujet majeur qui a retenu notre attention : au-delà des professionnels que nous allons former grâce à cette dynamique, comment sensibiliser l’ensemble des parties-prenantes du parcours des personnes que nous accompagnons à l’usage de ces outils ? Comment leur permettre de découvrir ces solutions et leur permettre d’en intégrer les enjeux et donc permettre à la CAA d’être utilisée hors des murs de nos établissements ?
Nous vint alors une idée : intégrer l’ensemble des ressources dans un dispositif itinérant, qui irait à la rencontre des familles, des professionnels et des personnes en situation de handicap elles-mêmes, pour leur faire découvrir la communication alternative améliorée.
Nous avions imaginé de conduire une tournée nationale, qui couvrirait l’ensemble des territoires où la filière handicap de la Croix-Rouge française est implantée, soit auprès de nos 93 établissements et services répartis sur 29 départements en France métropolitaine.
Chemin faisant, nous nous rendîmes compte que ce projet avait des limites. En effet, si la communication est un enjeu prioritaire pour les personnes en situation de handicap, et un sujet à adresser clairement, il est loin d’être le seul. Nous ne pouvions pas nous résoudre à présenter une seule facette des solutions qui peuvent améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap, nous devions aller plus loin.
Evolutions du projet
Aller plus loin, c’est prendre en compte l’ensemble des besoins d’une personne en situation de handicap.
Jour après jour, de nouvelles solutions apparaissent et constituent des opportunités pour garantir l’inclusion sociale et l’autonomie des personnes en situation de handicap (que ce soit pour se loger, accéder à ses droits, faire ses démarches administratives, se déplacer, trouver un emploi, se divertir, ou tout simplement pour échanger) ; autant de leviers pour assurer la continuité et l’adaptation de l’offre d’accompagnement. De nombreux outils physiques (aides techniques), numériques (applications) et financiers (aides sociales) permettent d’améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap. Si ces réponses existent, elles sont encore trop peu connues.
L’accès à ces solutions reste inégal et relève bien souvent d’un parcours épineux pour les personnes en situation de handicap, particulièrement lorsqu’elles résident dans les zones peu ou pas couvertes par des dispositifs qui pourraient les accompagner. Souvent cantonnées dans un écosystème d’initiés, les innovations peinent à sortir des murs des villes, des incubateurs, et de certains établissements spécialisés, méconnues d’une grande partie des personnes concernées. Ces solutions ne parviennent alors pas à toucher celles et ceux qui en auraient le plus besoin, renforçant leur fracture sociale, économique et géographique.
Se pose alors une question : Comment favoriser la coopération entre différents acteurs du territoire, dont les personnes concernées, pour construire ensemble des outils et des dispositifs qui renforceraient leur autonomie et leur pouvoir d’agir ?
L’enjeu est triple :
- Créer un pont entre ces solutions existantes et les publics les plus marginalisés, et qui restent à être sensibilisés,
- Développer des lieux de cohésion sociale, accessibles à tous et favorisant l’inclusion des personnes en situation de handicap dans leur environnement.
- Proposer un appui technique à destination des aidants, des professionnels et des familles pour favoriser l’accompagnement des personnes en situation de handicap.